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Conclusion

Acheter un vélomobile, c’était pour moi une évidence. L’acheter c’est bien, l’avoir c’est mieux. Alors, on le ramène comment ?

Y aller en train et ramener le vélo à la force des jambes. C’était le plan ca semblait facile. D’un point de vue purement mathématique ca l’était : 3 jours, à 30 km/h de moyenne, à raison de 8 h par jour, ca fait 240 km par jour. Donc 720km en 3 jours, pour 700km à faire, ca me fait même de la marge !

Ça m’avait semblé une bonne idée. En effet, pourquoi prendre la voiture pour ramener un engin sensé la remplacer ?

travail

Alors bonne idée ou pas ?

Si on m’avait demandé à l’arrivée, ou pendant certaines parties du voyage, j’aurais certainement dit que non. Clairement c’était la pire idée que j’ai eue de l’année.

Et pourtant j’en ai eu des idées discutables cette année : me mettre au ski de fond et me blesser, m’inscrire sur un 36 km en course à pied, traverser un massif montagneux de nuit, dans la neige et avec le Covid, faire un enfant… C’est pas comme si j’avais pas essayé.

Mais maintenant avec le recul ?

Alors,

Oui c’était dur, et j’ai galéré comme jamais à arriver à destination chaque jour. J’ai eu mal aux jambes, j’ai eu mal au pied à en boiter, j’ai eu mal au ventre. J’étais clairement sous alimenté pendant la majorité du voyage et c’est très rare chez moi.

Oui il y a eu des imprévus, des erreurs de GPS de mon fait ou non, des routes barrées, des travaux.

Oui c’était long. 700 km c’est pas rien. La voiture a rendu ces distances accessibles mais c’est loin d’être anodin. Quand le voyage se voit sur une carte de France c’est pas négligeable, alors quand on le voit sur une carte du monde.

Et oui je suis nul en estimation. En tout cas en vélomobil car c’est plutôt un de mes points forts en course à pied. Tellement nul que Magali m’a appris « surestimer » en allemand : « überschätzen ».

Mais c’était pas si mal. Beaucoup d’émotions, beaucoup d’images, de sensations. Des souvenirs et pour longtemps ! Quoi qu’il se passe ça restera là (enfin Alzheimer reste possible), ça fait partie de moi. Les souvenirs ne sont-ils pas les seules choses que l’on possède vraiment ?

Alors quitte à se surestimer je recommencerais sûrement ce genre d’aventure.

Le coût de l’aventure

Je m’étais dit que ca me couterait aussi cher de le ramener que de me le faire livrer. Alors le verdict ?

Le coût estimé en voiture

662km entre chez moi et JV Fenioux, avec le trajet économique (pas de péage) de Via Michelin soit 1324km au total.

La 308 fait du 5,5L / 100km à 1,9€ le litre : 0,1045€ du kilomètre.

L’entretien est estimé à 0,02€ du kilomètre pour ce type de voiture.

Ne sont pas pris en compte : assurance, décote.

Poste de dépense coût kilométrique Kilomètres sous-Total
Entretien 0,02 1324 26,48
Essence 0,1045 1324 138,36

TOTAL : 164,84 €

Ça me paraît vraiment peu, les voitures neuves sont données entre 0,3 et 0,5€ du kilomètre pour 20000 kilomètre par an, en prenant en compte entretien, assurance, décote et carburant. Ce qui donnerait entre 400 et 660€.

Le coût estimé si livraison

1€ du kilomètre, simple basique

TOTAL : 700€

En vélomobil

Poste de dépense coût
Train La cure – Genève 24
Train Genève - Lucon 217,75
Logement 286,69
Courses 58.07

TOTAL : 613,28€

Moins de 700€, donc moins cher que la livraison. C’était donc rentable !

Merci les maux de ventres, le budget alimentation sauve la mise (ca fait pas cher du plein).

Mon avis sur le vélomobile

Mais quel engin ! C’est vraiment incroyable. Certes je suis « un peu » sportif, mais je suis incapable de faire un tel voyage en vélo classique. Je n’ai eu aucune courbature en près de 35 heures de pédalage. Les performances sont vraiment impressionnantes. J’étais certes convaincu avant le départ mais ça fait quand même bizarre.

La position couchée est très confortable à l’usage. J’ai même pu dormir dedans le dernier jour ! J’ai eu quelques douleurs au dos au début mais ça ne s’est pas reproduit. On prend le pli rapidement, on a finalement beaucoup plus de puissance dans les jambes ainsi installé. Par contre il y a deux désavantages : les pédales automatiques sont à mon sens indispensables, et on ne peut pas se mettre en danseuse dans les côtes.

Pour des trajets court les pentes ne sont vraiment pas un problème. La bonne technique c’est d’arriver avec suffisamment d’élan pour maintenir une vitesse correcte, ce qui avec l’habitude se fait assez facilement. Les cols c’est une autre paire de manche, car si jamais on commence à faiblir c’est mort, surtout avec le moyeu Rohloff.

Le moyeu Rohloff ce sont les vitesses du vélo. C’est une boite de vitesse intégrée dans le moyeu de la roue arrière. Les vitesses passent toujours bien, mais il ne faut pas pédaler pour les passer. C’est une habitude à prendre. C’est très pratique à un feu rouge, ou l’on peut à l’arrêt mettre la plus petite vitesse sans problème, mais c’est beaucoup plus embêtant quand on veut juste baisser un rapport dans une montée. De plus il y a très peu d’entretien (30 € pour une vidange de la boite tout les 5 000 km) ce qui dans le cas d’un usage très régulier (je prévois entre 40 et 120 km par semaine) est appréciable.

L’assistance électrique c’est vraiment génial. Le petit plus vraiment appréciable c’est la présence d’une gâchette qui permet de lâcher toute la puissance du moteur d’un coup. Très pratique pour démarrer rapidement dans une côte, pour s’insérer dans un flux de circulation. Par contre sur le mien, c’est sciemment monté de manière à pouvoir fonctionner au-dessus de 25 km/h. Ce qui n’est pas plus mal, car c’est une vitesse rapidement atteinte avec le vélomobil.

L’éclairage est avec le recul très correct, on est visible et on voit correctement, à condition d’être seul ! En effet la position basse fait que l’on profite bien des phares des voitures, ça peut être problématique.

Il y a beaucoup d’espace pour des affaires dans le vélo. C’est largement suffisant pour une utilisation quotidienne. Je pense que même pour des petites courses (genre 2 sacs standard) ça passe sans problèmes. L’autre avantage c’est que l’on ne perd rien, je m’explique. Les clés glissent de la poche ? Pas de problèmes elles tombent dans l’habitacle. J’ai trop chaud avec mon bonnet, mes gants ? Je les retire sans me mettre en danger (j’ai 3 roues, je suis stable) et je peux les jeter derrière moi sans risque de les égarer.

La protection contre les éléments est très efficace. Aucun problème pour rouler sous la pluie, le vent de face ne se fait pas sentir. Par contre les bourrasques latérales ce n’est pas la même, il faut bien tenir les commandes pour ne pas se faire surprendre. Sur un petit trajet ça va, mais sur du plus long c’est usant à force.

J’ai maintenant un peu de recul pour les trajets domicile – travail et je suis pleinement satisfait. Je mets entre 25 et 35 minutes (ça monte plus le soir) pour réaliser les 21 kms me séparant du travail. En voiture je mets 30 minutes généralement. La différence est vraiment minime.

De plus j’ai l’assistance électrique, si je suis fatigué je n’ai qu’à me laisser porter. Je peux avec elle conserver une bonne moyenne sans avoir besoin d’une douche à l’arrivée. C’est un gros plus. Pour l’instant j’ai pu l’utiliser chaque semaine, la neige arrive et on va voir ce que ça va donner. Le froid n’est pas un si gros problème, j’ai roulé par -8°C sans problèmes. Il faut certes s’habiller plus chaudement mais on se réchauffe trés vite.

Statistiques final

Les oublis et bug de strava ont été estimés.

Vitesse max : 85.9km/h

Vitesse moyenne : 20.1km/h

Kilométrage : 673.4km

Temps : 33h31

Dénivelé : 5370m

Remerciements

Merci, à Magali pour m’avoir soutenu tout le long du voyage, pour m’avoir tracté sur la fin de parcours, pour m’avoir donné de la force dans certains moments difficiles, pour m’avoir aidé dans la mise au point des itinéraires chaque jour, pour le vocabulaire en allemand.

Quentin pour les infos sur le vélomobil et pour avoir relancé chez moi la passion de ces engins, pour l’enthousiasme sur mon aventure.

Mon père pour les conseils sur les voyages à vélo. Pour son flegme.

Ma mère pour ne pas s’être inquiétée.

Les lecteurs du blog.

La team running du boulot, pour le cardio.

Les curieux du voyage pour me permettre de penser à autre chose en répondant sans cesse aux mêmes questions.